31 Août 2024
La première question que l’on peut se poser :
« Boirez-vous à la coupe qui m’est réservée ? »
Toute personne qui cherche le Saint-Graal doit répondre :
« Puis-je boire au Graal ? »
Deux des disciples de Jésus, Jacques et Jean, les fils du tonnerre, comme il aimait les appeler, lui avaient demandé une faveur. Ou comme Matthieu le rappelle, leur mère en avait fait la demande en leur nom :
« A l’heure de ton règne, je t’en prie, fais que mes deux fils ici présents soient assis l’un à ta droite, l’autre à ta gauche. »
Il y avait un moment déjà que Jacques et Jean accompagnaient Jésus. Il semble pourtant qu’ils ne savaient toujours pas ce qu’ils cherchaient. Ils voulaient quelque chose d’une manière si intense qu’ils étaient prêts à tout donner et à suivre un prédicateur itinérant toujours pourchassé par les autorités. Il semble avoir pensé qu’un poste prestigieux dans un royaume terrestre pourrait combler leur désir profond..
Au lieu de répondre simplement à leur mère que son souhait était exaucé ou de lui demander d’arrêter de solliciter des faveurs ridicules. Jésus se fit soudain solennel. Il se tourna vers Jacques et Jean et s’adressa directement à eux.
« Vous ne savez pas ce que vous me demandez.
Boirez-vous à la coupe qui m’est réservée ? »
Sans doute n’ont-ils pas compris le sens de la question. Ils ont dû penser à un banquet royal et, comme un peu de vin n’a jamais fait de mal à personne, ils ont répondu sans réfléchir : « Nous pouvons le faire. »
Nous retrouvons le même enthousiasme irréfléchi au début de toute quête du Graal. Notre soif est si profonde et si extrême qu’elle nous aveugle sur les conséquences de ce que nous entreprenons.
Jésus répondit : « Il est vrai que vous boirez, vous aussi, à cette coupe. Mais ce n’est pas à moi de dire qui sera placé à ma droite et qui sera placé à ma gauche ; la décision appartient à mon Père » (Matthieu 20, 20-23).
Quelle réponse insatisfaisante ! Les deux disciples ont dû être complètement déroutés. La seule chose qu’ils pouvaient sans doute comprendre, c’était que Jésus ne leur avait pas promis de postes de ministre dans son royaume à venir.
Mais au moins, ils boiraient à la coupe de Jésus. Ils détiendraient des places importantes dans le royaume, une situation au-dessus de la plèbe. Mais y avait-il là de quoi les satisfaire ?
Au cours des jours qui suivirent, Jacques et Jean ont sans doute pensé à la place qu’ils occuperaient dans le royaume à venir. Jésus entra triomphalement à Jérusalem, acclamé par une foule qui déployait sous ses pas un tapis de feuilles de palmiers et de manteaux, et qui criait :
« Il est béni, le roi qui vient au nom du Seigneur » (Luc 19, 38). Tout laissait croire que le royaume glorieux de Jésus était à portée de la main...