26 Octobre 2024
L’activité intellectuelle est fondée sur la rigueur pour pouvoir participer à l’aventure de la connaissance, qui est comme une naissance.
Naître, quitter le sein de sa mère pour être en face d’elle.
Connaître, échapper de l’univers pour s’adresser à lui. L’éducation a pour but de le permettre, elle forme des scientifiques.
La société occidentale a une activité compétitive en général, entre les personnes, entre les entreprises, entre les nations dont le critère est la réussite du profit.
Le bonheur de comprendre est remplacé par le plaisir de l’efficacité et le partage collectifs est délaissé au profit de luttes individuels désespérées pour avoir une place et la conserver.
La compréhension peut entraîner l’efficacité, clé du succès pour ceux qui agissent.
Einstein : relie la masse à l’énergie. Sans cette formule, on serait incapables de faire éclater des bombes nucléaires, ni même de produire de l’électricité à partir de l’uranium.
Galilée : la proportionnalité entre la force et l’accélération (et non, entre la force et la vitesse : erreur de 20 siècles) mais cela n’a rien changé pour l’instant pour les humains.
Darwin : origine commune à tous les êtres vivants.
Hubble : l’expansion de l’univers.
Toutes ces trouvailles forment notre vision du monde et sur nous-mêmes et orientent notre réflexion vers des directions inédites et qui ont des conséquences concrètes indirectes.
Ces chercheurs désirent améliorer notre lucidité et non accroître une efficacité. C’est plutôt l’aspect rentable des découvertes qui prime et ramène le merveilleux de la compréhension de la réalité à une simple satisfaction de produire des outils qui permettent de la transformer, cette satisfaction légitime ne doit pas diminuer notre vigilance face aux conséquences néfastes de dette efficacité.
La rentabilité de la recherche scientifique fait accepter aux hommes de se mettre aux services du profit.
Le chercheur loue ses charmes pour le plaisir d’un client, dont il ne connait pas l’obsession du plaisir. Le chercheur loue son intelligence, son savoir, son imagination au profit d’un employeur dont il ne connaît pas l’obsession de la rentabilité.
Cet avilissement de la science se répercute sur le système éducatif qui est normalement un lieu où chacun peut s’ouvrir au monde et pour y apprendre l’art de la rencontre. Il devient un champ clos où seuls sortent indemnes les vainqueurs.
Plus de joie de comprendre, mais une obsession de comprendre plus rapidement que les autres (vitesse), une construction de l’intelligence qui fait participer la science à l’exclusion de certains élèves. Des élèves classés, catalogués, comme scientifiques, littéraires ou manuels avec des jugements définitifs et lourds de traumatismes personnels.
Les scientifiques traversent sans trop de dommages, les classes et grandes écoles. Ils sont admis à jouer le grand jeu de la connaissance.
Des jugements des professeurs aberrants et destructeurs, une injustice que l’on doit rétablir pour améliorer la vie en société.
Les nouveaux moyens de communications se multiplient et renforcent les problèmes.
Les jeunes souffrent de ce système, pourtant ouvert à tous.
Ceux qui ne se croient pas capables.
Ceux qui peuvent se faufiler et ouvrir des portes toujours plus étroites, de la sélection et qui se découragent. Au lieu d’avoir le bonheur de pouvoir comprendre le monde, ils doivent lutter pour réussir aux concours.
Les professeurs s’y dévouent et privilégient le savoir qui s’accumule et non la réflexion qui se cherche… Ils mettent leur énergie à donner des notes comme des juges plutôt qu’au service de la réflexion.