12 Novembre 2024
Si le sujet est auto défini, l’autre est comme congédié de l’aventure de la conscience de soi, voire de celle de notre perception du monde.
Dans le cas contraire, chez Hegel, chez Sartre ou Merleau-Ponty, l’autre est présent au coeur de la conscience que j’ai de moi-même.
La psychanalyse développera cette idée en la radicalisant. Le transfert au sens freudien signifiera d’ailleurs le processus par lequel le sujet rejoue avec son analyse des relations cruciales qu’il a eues avec sa mère, son père, son frère… pour que leur sens et leur portée lui apparaissent. Seule cette relation très particulière à cet autre qu’est l’analyse lui permettra alors de progresser dans la conscience de lui-même.
« … Autrui n’est ni un objet dans le champ de la perception, ni un sujet qui me perçoit, c’est d’abord une structure du champ perceptif, sans la quelle ce champ dans son ensemble ne fonctionnerait pas comme il le fait. Que cette structure soit effectuée par des personnages réels, par des sujets variables, moi pour vous, et vous pour moi, n’empêche pas qu’elle préexiste, comme condition d’organisation en général, aux termes qui l’actualisent dans chaque champ perceptif organisé : le vôtre, le mien. … Un visage effrayé, c’est l’expression d’un monde possible effrayant, ou de quelque chose d’effrayant dans le monde, que je ne vois pas encore. » Gilles Deleuze, Michel Tournier et le Monde sans autrui, in Logique du sens, Editions de Minuit, 1969.
Quelqu’un, grands dieux, quelqu’un ! « Contre l’illusion d’optique, le mirage, l’hallucination, le rêve éveillé, le fantasme, le délire, le trouble de l’audition… le rempart le plus sûr, c’est notre frère, notre voisin, notre ami ou notre ennemi, mais quelqu’un, grand dieux, quelqu’un !, Michel Tournier, Vendredi ou les Limbes du Pacifique, Gallimard, 1967.