8 Mars 2025
Indienne
On définit classiquement deux sortes de philosophies indiennes : les philosophies āstika ( en devanāgarī), qui suivent les Veda (hindouisme...) et les philosophies nāstika que sont le jaïnisme, le bouddhisme et le chârvâka, qui les rejettent. Pour ces dernières, on se reportera aux articles qui les concernent.[
Les différentes écoles āstika: Le Nyâya
L'école de Nyâya (en sanskrit, nyāya) de spéculation philosophique est basée sur un texte appelé le Nyâya Sûtra. Il a été composé par Gautama Aksapada (à ne pas confondre avec Siddhârtha Gautama, le fondateur du bouddhisme), vers le IVe ou Ve siècle av. J.-C.. La contribution importante apportée par cette école est sa méthodologie. Elle est basée sur un système de logique
qui a été plus tard adopté par la plupart des autres écoles indiennes (orthodoxes ou pas), de la même manière qu'on peut dire que la science, la religion et la philosophie occidentales sont en grande partie basées sur la logique aristotélicienne.
Le Vaiçeshika
Le système de Vaiçeshika (en sanskrit, vaiśeṣika), fondé par la sage Kanada, postule un pluralisme atomique. Suivant les préceptes de cette école de pensée, tous les objets de l'univers physique, les substances matérielles, sont réductibles à un certain nombre d'atomes, sauf les cinq substances immatérielles : le temps, l'espace, l'éther (âkâsha) l'esprit et l'âme. Les atomes constitutifs des substances matérielles sont les atomes de feu, de terre, d'air et d'eau.
Le Sâmkhya
Le Sâmkhya (en sanskrit, sākhya) est généralement considéré comme le plus vieux des systèmes philosophiques indiens, il aurait été fondé au VIIe siècle av. J.-C. par Kapila, ou trois siècles plus tôt, selon A. Daniélou. Il s'agit, historiquement, de la première description connue du modèle complet de l'univers, à la fois scientifique et transcendant. Sa philosophie considère l'univers comme se composant de trois réalités éternelles : le principe de l'espace (âkâsha), le principe de l'intelligence (purusha) et le principe de la nature (prakriti).
Le Védanta
L'école d'Uttara Mimamsa (nouvelle recherche), généralement connue sous le nom de Védanta (en sanskrit, vedânta), se concentre sur les enseignements philosophiques des Upanishad plutôt que sur les injonctions ritualistes des Brâhmanas. Mais il y a plus de cent Upanishads qui ne forment pas un système unifié. Leur systématisation a été entreprise par Badarayana, dans un travail appelé Vedânta Sûtra.
La manière obscure dont les aphorismes des textes du Vedânta sont rédigés laisse la porte grande ouverte pour une multitude d'interprétations. Cela a entraîné une prolifération des écoles du Vedânta. Chacune de ces dernières a interprété à sa façon les textes et a produit sa propre série de sous-commentaires — tout en prétendant être seule fidèle à l'original.
+Le « Jaïnisme
Est une philosophie indienne basée sur la non-violence (ahimsa) ou respect de toute vie (humaine, animale, végétale) et sur la tolérance (anekantavada) ou reconnaissance de la multiplicité des points de vue. Il implique trois grands principes que sont :
* la vision juste des réalités (tattvas),
* la conduite juste,
* la connaissance juste.
Son principal grand maître philosophique et spirituel ou 24 ° Tirthankara a été Vardhamana dit
Mahavira (le grand héros) qui a vécu en Inde aux VIe et Ve siècles avant J.-C. Le bouddhisme
Est l’un des grands systèmes de pensée et d’action orientaux, né en Inde au VIe siècle av. J.-C.. Il est fondé sur les Trois Joyaux : les bouddhistes déclarent prendre refuge dans le Bouddha, le fondateur du bouddhisme, dans le Dharma, la doctrine du Bouddha, et dans le Sangha, la communauté des adeptes
À l’origine, le bouddhisme n’est pas vraiment une philosophie ou une religion, mais une « leçon de choses » (dhamma en pali, dharma en sanskrit), ce terme désignant à la fois la réalité, sa loi, et son exposé. De plus lorsqu’on parle de dharmas on désigne diverses lois naturelles particulières.
Les quatre nobles vérités qui sont à l’origine du bouddhisme sont :
* la vérité de la souffrance ou de l’insatisfaction inhérente,
* la vérité de l’origine de la souffrance engendrée par le désir et l’attachement,
* la vérité de la possibilité de la cessation de la souffrance par le détachement, entre autres,
* et finalement la vérité du chemin menant à la cessation de la souffrance, qui est la voie médiane du noble sentier octuple.
Cependant ces enseignements classiques, et de portée spirituelles plutôt que philosophiques, ne sont que le point de départ de ce qui deviendra une riche pluralité de traditions philosophiques et religieuses. Après tout le bouddhisme avait « conquis » l'ensemble de l’Asie, du Japon jusqu’à l’Afghanistan, intégrant et/ou s’adaptant à ces différentes cultures. En philosophie particulièrement, tout le spectre des positions et options possibles a, à un moment ou l’autre, été l’objet d’élaborations et de débats. Il a donc connu son « réalisme », son « atomisme », son « nominalisme », etc.
+ L’hindouisme
Dont le bouddhisme est issu, présente lui aussi une telle variété. Pareillement, et à l’instar de la scolastique occidentale, toute philosophie s’inscrit dans le cadre de la religion. Plus précisément, les philosophies bouddhistes ne perdent jamais de vue les préoccupations sotériologiques.
Au terme de ce processus historique, il ne subsiste plus que deux grandes écoles philosophiques, particulièrement dans le bouddhisme dit du mahāyāna[42], ce sont le Cittamātra (esprit seulement, rien qu'esprit), et le Madhyamaka (voie du milieu).
Articles détaillés : Cittamātra, Madhyamaka, Vacuité et Tathāgatagarbha.
+ La philosophie babylonienne
Prend ses racines dans une sagesse mésopotamienne en avance sur son temps, laquelle incarne certaines philosophies de vie, en particulier la morale. Ces modus vivendi mésopotamiens rejaillissent à travers la religion mésopotamienne ainsi que dans la littérature babylonienne (la dialectique, le dialogue, l'épopée, le folklore, les hymnes, les paroles de chansons, la prose et les proverbes). Ces diverses formes de littérature ont dans un premier temps été classées par les
Babyloniens, et leur raisonnement et rationalité (logos) développés au-delà de la simple observation empirique.
Le Manuel des diagnostics médical d'Esagil-kin-apli rédigé au XIe siècle avant notre ère fut basé sur un ensemble logique d'axiomes et d'hypothèses, y compris la vision moderne que grâce au contrôle et à un examen des symptômes du patient, il est possible de déterminer sa maladie, l'étiologie de celle-ci, le développement futur et les chances de recouvrement de la santé du patient. Dès les VIIIe et VIIe siècles avant J.-C., les astronomes babyloniens commencèrent à étudier la philosophie à partir d'un idéal naturel de l'univers, de même qu'ils ébauchèrent une logique interne au sein de leur système prophétique planétaire. Ceci constitue une contribution d'importance à la philosophie des sciences.
Il est possible que la philosophie babylonienne ait eu une influence sur les Grecs, en particulier pendant la période hellénistique. Le texte babylonien Le dialogue du pessimisme contient des similitudes avec la pensée agonistique des Sophistes, la doctrine des contrastes de Héraclite et les dialogues de Platon, et peut également se poser en précurseur de la maïeutique chère à Socrate. À ce propos, Thalès de Milet est connu pour avoir étudié en Mésopotamie.
+ La philosophie perse
Zoroastrisme, Manichéisme et Mazdakisme.
Il existe d'antiques relations entre les Veda indiennes et les Avesta mèdes. Les deux principales familles philosophiques traditionnelles indo-iraniennes étaient déterminées par deux différences fondamentales : dans leurs implications sur la position de l'être humain dans la société et leur vision du rôle de l'homme dans l'univers. La première charte des droits de l'homme par Cyrus II (dit aussi Cyrus le Grand) est vu comme un reflet des questions et pensées exprimées par Zarathoustra, et développées dans les écoles de pensée zoroastriennes.
* Le zoroastrisme dérive du nom de Zoroastre déformé par les Grecs aux dépens du véritable nom, Zarathoustra. Son autre appellation, le mazdéisme, dérive quant à lui du nom du dieu vénéré, Ahura Mazdā. Ce courant de pensée fut fondée au cours du Ier millénaire av. J.-C..
* Le manichéisme est une religion syncrétique apparue au IIe siècle de notre ère, dont le nom provient de son fondateur, Mani.
* Le mazdakisme est un courant religieux fondée au Ve siècle. Il doit son nom à son fondateur, Mazdak.
+ La philosophie chinoise
Diffère radicalement de la philosophie grecque, tellement que l'on peut s'interroger sur l'association des termes de l'expression « philosophie chinoise ». Dès l'origine les chemins divergent, se rejoignant seulement au XXe siècle : les formes linguistiques sont très différentes (la linguistique chinoise n'est pas basée sur le logos, au contraire du grec ancien) ; la pensée chinoise s'appuie plus volontiers sur l'analyse que sur la synthèse ; sur la résolution des problèmes que sur la définition des concepts ; sur l'exemplarité que sur la démonstration ; sur la fluidité de l'esprit que sur la solidité
des arguments.
La pensée chinoise est donc intéressante dans le sens où elle nous permet de découvrir des entrées originales, inconnues pour la philosophie occidentale.
+ Le confucianisme
Est la voie principale de la philosophie chinoise et n'a connu que de rares mises à l'écart. Toute éducation se fondait en premier lieu sur les livres formant le « Canon confucianiste » : dont le Shi Jing ou Livre des Poèmes, le Yi Jing ou Livre des Mutations, les Annales de Lu, les Entretiens de Confucius et le livre de Mencius. Presque toute la production savante en Chine peut s'interpréter comme une suite de commentaires sur ces œuvres vénérées comme étant l'essence de l'esprit chinois. Presque tous les mouvements de pensée confucianiste se présentaient comme ayant renoué
avec la vraie pensée du Sage. Entre les « réalistes » comme Xun Zi et les partisans de son pendant « idéaliste » Mencius, plus tard entre Wang Yangming et Zhu Xi, des tendances ont émergé et débattu de la pensée du Maître, enrichissant la philosophie de nouveaux concepts et de nouvelles interprétations. C'est la lignée de Mencius que Zhu Xi va privilégier et ses commentaires seront
ceux considérés comme orthodoxes, c'est-à-dire comme références, par les examinateurs impériaux des dynasties Ming et Qing (la dernière).
+ Le néo-confucianisme
Désigne un développement tardif et éloigné du confucianisme, mais possède des racines autres que celle du confucianisme. Il commença son développement sous la dynastie des Song et parvint à sa plus grande expansion sous celle des Ming. On en retrouve des traces dès la dynastie des Tang.
Ce courant de pensée eut une grande influence en Orient, particulièrement en Chine, au Japon et en Corée. Zhu Xi est considéré comme le plus grand maître néo-confucianiste des Song, tandis que Wang Yangming est le plus fameux des maîtres professant sous les Ming. Mais il existe des conflits entre les écoles de ces deux penseurs.
+ Le taoïsme
Dào « la Voie », calligraphie câoshū « herbes folles », un style très libre influencé par le taoïsme. Le taoïsme, une religion, une philosophie ?
Le terme « taoïsme » recouvre des textes, des auteurs, des croyances et pratiques, et même des phénomènes historiques qui ont pu se réclamer les uns des autres, répartis sur 2 500 ans d’histoire.
La catégorie « Taoïsme » est née sous la dynastie Han (200 av. J.-C. à 200), bien après la rédaction des premiers textes, du besoin de classer les fonds des bibliothèques princières et impériales. Dào jiā ou dào jiào (道教), « école taoïste », distingue à l’époque une des écoles philosophiques de la période des Royaumes combattants (500 av. J.-C. à 220 av. J.-C.). École est ici à entendre dans son sens grec, voire pythagoricien, d’une communauté de pensée s’adonnant aussi à une vie philosophique ; n'y voir qu’un courant intellectuel est un anachronisme moderne. Mais cette école ne fut sans doute que virtuelle, car ses auteurs, dans la mesure où ils ont vraiment existé, ne se connaissaient pas forcément, et certains textes sont attribués à différentes écoles selon les catalogues.
Durant la période des Trois Royaumes (220-265), les termes dào jiā et dào jiào divergent, le premier désignant la philosophie et le second la religion. Car la catégorie a vite englobé des croyances et pratiques religieuses d’origine diverse : « ... le taoïsme n’a jamais été une religion unifiée et a constamment été une combinaison d’enseignements fondés sur des révélations originelles diverses [...] il ne peut être saisi que dans ses manifestations concrètes ».
Le taoïsme est-il une philosophie ou une religion ?
Les deux, peut-on dire. Sont évoquées les conceptions antiques du Zhuangzi (Tchouang Tseu) et du Dao De Jing (Tao Te King), car ces textes continuent d’inspirer la pensée chinoise, ainsi que l’Occident, avec des thèmes comme le Dao, la critique de la pensée dualiste, de la technique, de la
morale ; dans un éloge de la nature et de la liberté. On trouvera aussi un exposé sur les pratiques taoïstes, concentré sur le Moyen Âge chinois (les six dynasties, 200-400). La période permet de révéler des techniques mystiques, des idées médicales, une alchimie, des rites collectifs. Leur élaboration a commencé bien avant et s’est poursuivie ensuite, mais ce moment permet d’en offrir un tableau plus riche, et plus attesté. Il en résulte un panorama large, fondé sur des textes et des commentaires récents, afin que chacun puisse se faire son idée du taoïsme comme cela se fit par le passé, mais en privilégiant les sources les plus significatives, les plus évocatrices.
Le néo-taoïsme [modifier] Article détaillé : Xuanxue.
Xuanxue, Hsuan Hsue ou néo-taoïsme désigne un courant de pensée philosophique et culturel chinois. Celui-ci s'est créé lors du démantèlement de l'empire Han, au IIIe siècle de notre ère. Les philosophes de ce courant ont développé une interprétation métaphysique cohérente du Dao De Jing, du Zhuangzi et du Yi Jing, dans laquelle le dao, identifié au wu (rien ou vide), est l’origine ontologique de toutes choses. Leurs commentaires et éditions ont vite fait autorité et exercé une influence déterminante sur la façon dont ces ouvrages seront interprétés par les générations ultérieures.
Sa composante culturelle essentielle est le qingtan (« pure conversation »), sorte de joute oratoire codifiée dont les thèmes, souvent philosophiques, évitaient les sujets brûlants de la politique contemporaine. À cette pratique était associé un style de vie individualiste, hédoniste et anti- conformiste.
Les Cent Écoles
Sous cette désignation, on retrouve quantité de doctrines, avec, entre autres :
* le légisme de Shang Yang ou Han Fei Zi, qui est une doctrine purement politique, très autoritaire, ressemblant fort au totalitarisme.
* le moïsme ou mohisme, fondé par Mo Zi (Mo-tseu), né en réaction au confucianisme.
* l'École des Noms, ou des Logiciens, s'intéresse au langage et aux relations logiques qu'il décrit, dans le but de convaincre.
+ La philosophie japonaise
En japonais, Nihon tetsugaku) se situe dans le prolongement de la philosophie chinoise, le plus généralement par l'importation, via la Corée, de la culture chinoise durant le Moyen Âge. Le Japon s'est en effet approprié le Bouddhisme et le Confucianisme. La religion traditionnelle nippone, le Shintoïsme, est entrée en dialogue avec ces différentes traditions importées. Pour cette religion il existe des divinités ou esprits, appelés Kami, qui se retrouvent dans tout objet naturel (chute d'eau, arbre...), phénomène naturel (arc-en-ciel, typhon...), objet sacré... On peut mettre en parallèle les huacas incas pour mieux cerner ce que représentent les Kami.
Les budō (bu, la guerre ; do, la voie) sont des arts martiaux (judo, karaté, aïkido) d'inspiration bouddhiste zen.
+ La philosophie coréenne
Il existe une histoire continue de la philosophie en Corée, qui remonte à il y a plus de deux mille ans. La philosophie coréenne traditionnelle se focalise sur la totalité de la vision du monde. La
satisfaction affective du chamanisme comme elle est représentée dans le manuel chinois Yi Jing en fait également partie. Les chamans en Corée sont principalement des femmes (appelées mudang) et quelquefois des hommes (paksu).
+ Le confucianisme
Est également arrivé très tôt, approximativement autour du IVe siècle. Ce mouvement n'est pas au départ une religion pour les Coréens, mais une philosophie. Confucius fait figure de philosophe. Cependant, petit à petit le confucianisme et le bouddhisme s'imposent dans le royaume ; si le confucianisme devient même religion officielle à partir du XIVe siècle[45], très peu de monde aujourd'hui s'en revendique.
Deux exemples pratiques appliquées à la philosophie coréenne sont le Han Mu Do (littéralement, « la voie des arts martiaux coréens ») ainsi que le Viet vo dao (Việt : le peuple vietnamien ; Võ : l'art martial ; Đạo : la voie).
+ La philosophie africaine
L'expression pose un problème du même acabit que celui constaté avec l'expression « philosophie chinoise ». Il est utilisé de différentes manières par différents philosophes. Bien qu'une majorité de philosophes africains étudient dans des domaines tels que la métaphysique, l'épistémologie, la morale et la philosophie politique, une question qui accapare nombre d'entre eux se situe sur la nature de la philosophie africaine elle-même. Un des points centraux du désaccord est sur le terme « africain » : désigne-t-il le contenu de la philosophie ou l'identité des philosophes ?