Méditation - Le ménage

Au Japon, le ménage était l’activité principale des moines bouddhistes. Prendre soin de leur habitation est pour eux une véritable méditation en mouvement. Une occasion de s’ancrer dans l’instant présent et la réalité.

Le ménage rythme leurs journées depuis des millénaires. Entretenir leur temple c'est ’entrer en communion avec le tout que forme l’univers auquel ils appartiennent. Car pour les bouddhistes, on ne sépare pas l’individu de son environnement.

* Se reconnecter à son intérieur

Cet endroit où vous dormez et mangez est un lieu qui vous protège. Savez-vous ce qu’il contient? Savez-vous comment il fonctionne? Avez-vous connaissance de ce qui s’y accumule? Faire le ménage, c’est reprendre en main cet environnement dont vous faites partie, faire corps avec lui et chasser les zones d’ombre dans votre maison et dans votre vie.

* Nettoyer pour ne pas tuer

Ne pas tuer: c’est l’un des cinq préceptes du bouddhisme. En effet, pour les bouddhistes, toute forme de vie doit être respectée. Tenir sa maison propre est un moyen d’éviter la prolifération de certains insectes ou animaux nuisibles qu’on serait alors obligé d’éradiquer.

* Bénir le passage de l’eau

Les moines attachent une importance toute particulière à la salle de bains, aux toilettes et à la cuisine. Pourquoi? Parce que l’eau y circule. Cet élément indispensable à la vie est considéré comme sacré. Les pièces d’eau sont aussi des espaces-clés où nous prenons soin de notre corps, que ce soit pour le nourrir ou le laver, et l’hygiène se doit donc d’y être irréprochable.

* Franchir les seuils avec respect

La porte a, dans le bouddhisme comme dans d’autres philosophies et religions, une symbolique très forte. Elle nous permet d’entrer et de trouver refuge, mais aussi de sortir pour s’évader ou chasser. Dès qu’on la franchit, on mesure ce qu’est la limite: entre l’intérieur et l’extérieur, entre l’intime et le public. Voies d’accès, mais aussi sorties de secours, les portes doivent, pour remplir pleinement leur fonction, s’inclure dans des espaces dégagés. Pour que l’énergie et les habitants puissent circuler librement.

* Cultiver le détachement

Dans le bouddhisme, le verre symbolise la transparence et les moines zen y apportent une attention toute particulière. D’après eux, si vos fenêtres sont poussiéreuses et troubles, votre esprit le sera aussi, car vous ne pourrez plus voir la vraie nature des choses, celle qui mène au détachement. L’esprit succombe alors à l’anxiété et à l’inquiétude. Il faut donc mettre un point d’honneur à entretenir tout ce par quoi la lumière passe ou se réfléchit (lampes, ampoules, fenêtres et miroirs).

* Réfléchir à sa consommation

Quand on fait soi-même le ménage, on se rend compte du poids de chaque objet: les bibelots à dépoussiérer, les tissus à laver, les appareils électroménagers à nettoyer, etc. Un bon moyen pour se couper l’envie de remplir toujours plus notre intérieur et de faciliter son entretien.

* Mettre à distance son égo

Nettoyer sa maison, c’est aussi regarder les choses en face, être en prise avec la réalité qui nous entoure et mettre à distance son égo. Nous avons parfois tendance à nous sentir au-dessus du monde matériel, mais que serions-nous sans ce toit qui nous protège?

* Méditer sur l’impermanence des choses

Enlever la poussière, c’est aussi se rappeler qu’elle finira toujours par revenir, que l’état de propreté ne dure pas, que notre maison nous oblige à une attention régulière. Rien ne dure et tout change, comme nous.

* Augmenter sa satisfaction

Entendre les miettes remonter le tuyau de l’aspirateur, voir le tartre se décoller de la bouilloire: ici réside la clé du bonheur, celui de pouvoir jouir de choses simples, à notre portée. En ces temps incertains, à défaut de savoir de quoi demain sera fait, nous pouvons maîtriser au moins une chose: notre intérieur. Et nettoyer, c’est embellir le quotidien, pour mieux en profiter.