Mais qu'est-il arrivé à la coupe ?

Si ces chrétiens des origines avaient la coupe en leur possession, ils auraient pris grand soin de la protéger en cas de danger et l'auraient emportée avec eux quand ils durent fuir la ville à l'approche inexorable des légions romaines.

Plus tard, quand l'Eglise devint plus prospère, le Saint-Graal, comme nous pourrions nommer la coupe, deviendrait encore plus apprécié en tant que relique du ministère terrestre du Seigneur Jésus-Christ.

Aujourd'hui, quand nous détenons un objet que nous apprécions comme une antiquité, nous essayons de le préserver le plus possible dans son état d'origine. Mais, jadis, et ce jusqu'après le Moyen-Âge, la manière habituelle de montrer de la vénération pour une relique précieuse était de l'entourer d'une riche ornementation.

C'est ainsi que, dès qu'ils eurent argent et liberté, les chrétiens s'empressèrent de bâtir de splendides églises sur tous les lieux associés à la vie terrestre du Christ.
Des fragments d'os des martyrs les plus célèbres, que les chrétiens considéraient infiniment plus précieux que des diamants, étaient insérés comme des pierres précieuses dans des supports en or très élaborés. On pouvait même ajouter des couches d'ornementation par-dessus d'autres ornementations alors que des générations successives de donateurs exprimaient leur vénération de l'objet sacré.

S'il y eut un véritable Saint-Graal, une coupe vénérée par les premiers chrétiens comme celle qui avait été utilisée au dernier repas, on peut s'attendre à ce qu'il ait été tellement incrusté de bijoux et de métaux précieux venus des extrémités du monde que l'objet lui-même ait fini par devenir méconnaissable. La coupe serait demeurée essentiellement intact sous une superstructure d'ornements destinés à attirer l'attention sur la beauté de sa sainteté.

Tout ceci n'est toutefois que pure hypothèse. Bien qu'en différentes parties de l'Europe quelques reliques ont été qualifiées de Graal, nous n'avons vraiment aucune idée de ce qu'est devenue la coupe que Jésus a utilisée. Mais que l'objet existe ou non, la vénération et l'ornementation qui auraient pu se développer autour du Saint-Graal sont exactement ce qui est arrivé à son histoire.

Génération après génération, on lui a ajouté des bijoux en provenance des sources les plus improbables jusqu'à ce que la forme de la chose soit complètement changée. Mais son sens premier, qui est la signification même de l'eucharistie, demeurait toujours inchangé. Les couches d'ornementation ajoutées n'ont fait qu'exprimer des siècles de vénération pour la vérité de l'eucharistie.

Quand aux légendes, elles débutent toutes autour d'une même personnage historique : Joseph D'Arimathie.